Le Cahier du Chef d'Unité (II) : Organiser

Les articles précédents nous ont permis de nous familiariser avec le processus de décision et le principe de conservation. Nous continuerons notre exploration des activités de commandement en voyant cette fois-ci comment organiser le groupe de combat.


Les équipes que crée le leader sont les briques élémentaires du groupe de combat. Ses briques sont construites autour de deux hommes (un binôme) ou de trois hommes (un trinôme), mais le groupe comporte rarement une combinaison des deux.

Binôme ou Trinôme ?

le choix de composer son groupe en binômes ou en trinômes dépend pour une grande part :
  • des missions confiées par le supérieur du leader,
  • du degré d'autonomie accordé par le chef de mission et 
  • de l'effectif du groupe.

Par exemple, un groupe de 4 hommes sera idéalement scindé en deux binômes, tandis qu'un groupe de 9 sera idéalement composé de 3 trinômes.

Si le groupe est autonome (il réalisera seul la plupart des tâches confiées), il sera alors judicieux de le composer de trinômes, un d'appui et l'autre d'assaut au minimum, car chacun des deux comporte le strict minimum de combattants pour être efficace dans son rôle.

Composer ses binômes

L'idée maîtresse dans la composition des binômes au sein d'un groupe de combat est de regrouper les spécialistes avec leur assistant : binôme FM, binôme AT lourd (type Eryx ou Javelin), binôme mitrailleur sont des exemples naturels et nous allons les passer en revue.

Le Binôme du Mitrailleur léger

La Mitrailleuse légère (chambrée en 5.56) représente souvent l'arme la plus puissante du groupe de combat, il a donc une place centrale dans l'organisation de ce dernier. La tâche du binôme MGL est de fournir à distance moyenne (jusqu'à 600 mètres) des feux nourris (de neutralisation ou de suppression). Le binôme MGL est capable de tenir seul la direction dangereuse, celle où il est le plus probable que le contact ait lieu en créant un véritable mur d'acier.

En d'utilisation défensive du binôme MGL est de le faire pointer vers les masques proches par lesquels pourraient surgir à courte portée l'ennemi. La mitrailleuse légère interdit alors ces voies d'approches tandis que le reste des hommes observe et couvre les glacis par lesquels il est peu probable qu'une troupe ennemie surgisse.

En attaque, le binôme MGL doit occuper la meilleure place (en terme de couverts et de visibilité) face à l'ennemi, le reste du groupe se déployant pour éviter la concentration des feux ennemis, en ayant pour tâche de couvrir les flancs et maintenir l'observation sur 360°.

Le Binôme du Mitrailleur Lourd

Ce binôme a pour tâche de fournir à distance moyenne à longue des feux de neutralisation ou d'interdiction. D'un calibre supérieur à la mitrailleuse légère (on considère que la mitrailleuse lourde est chambrée en 7.62 au minimum), les munitions de la mitrailleuse lourde sont moins abondantes, aussi il est nécessaire que ses tirs soient mesurés et précis. La mitrailleuse lourde est l'arme principale du groupe, prédestinant ce dernier à une mission d'appui et c'est autour de cette arme que le groupe s'organise.

Ses cibles de prédilection sont les groupes ennemis compacts, les véhicules légers et l'infanterie  derrière des couverts légers (bâtiments en tôles, palissades en bois…). La possibilité d'effectuer des tirs rasants avec cette arme en fait également un candidat idéal pour l'interdiction d'un relief.

Le Binôme de l'AT Léger

La tâche du binôme AT est l'autodéfense à courte portée contre les véhicules légèrement blindés. Il convient donc de le placer face aux voies d'arrivée les plus probables de véhicules ennemis (route, chaussée entre deux bâtiments, crête…).

Il n'y a pas d'assistant pour l'AT léger, le choix du second membre du binôme dépend donc des hommes disponibles dans le groupe. On peut le mixer avec un grenadier ou un fusilier pour en faire une équipe mobile, avec un artificier pour en faire une équipe de destruction, d'un second AT afin d'avoir une équipe AT polyvalente courte et longue distance…

Le Binôme de l'AT Lourd

Ce binôme fournit au groupe un moyen d'observation et de destruction à longue portée. Il convient de déployer le binôme AT lourd face aux étendues offrant une longue distance de vue, ce binôme s’accommodant mal des vallées encaissées, des zones urbaines et des forêts si ce n'est à leur lisière.

Le Binôme Assaut

C'est un binôme que l'on peut composer autour d'un fusilier ou d'un grenadier, afin de le placer en premier échelon dans le groupe. Ses tâches sont d'ouvrir la route, voire de reconnaître un itinéraire ou de le créer, nettoyer les habitations, manœuvrer autour des bâtiments et prendre les ouvertures de chaussées. En raison de la dangerosité de la tâche, il est conseillé de composer ce binôme de vétérans reposés et motivés

Le Binôme Commandement

Il se compose du leader, accompagné d'un adjoint, d'un tireur de précision, d'un médic ou d'un radio, auquel les tâches suivantes peuvent être assignées : gestion du groupe depuis l'arrière (la gestion du groupe depuis l'avant étant assuré par le leader lui-même), surveillance arrière et liaison à vue avec le groupe qui suit, observation et renseignement vers l'avant et/ou les flancs même en situation de combat. En plus de cela et en fonction de sa spécialisation, il s'occupera de la gestion des hommes et du matériel (adjoint), de l'élimination de cibles d'importance à moyenne distance (TP), de la gestion médicale du groupe (médic) ou des transmissions à destination des autres groupes et de la hiérarchie (radio).

La force des binômes est qu'il est très facile d'en construire, et que les possibilités sont nombreuses. Aussi puisqu'il ne nous est pas possible de les passer toutes en revue, l'imagination du leader pourra combler les vides laissés dans cet article. Il pourra ainsi développer ses méthodes de réflexion tactique et mettre en œuvre sa créativité afin de ne pas se sentir limité par une liste fixant tâches et rôles de manière arbitraire.

Composer ses trinômes

Nous avons vu qu'une organisation en trinôme est préférable lorsque le groupe doit agir de manière autonome. Il est nécessaire dès lors d'avoir au moins une équipe assaut et une équipe appui, équipes auxquelles la doctrine française donne le nom de trinôme 300 et trinôme 600. Nous sommes cependant dans Arma et nous nous éloignerons donc parfois du strict domaine doctrinal afin de tendre vers une utilisation qui reste sérieuse mais ludique.

Il est possible d'utiliser ses trinômes de deux manières principales :
  • le trinôme 300 débusque et fixe l'ennemi pendant que le trinôme 600 neutralise,
  • le trinôme 600 fixe l'ennemi pendant que le trinôme 300 manœuvre et mène l'assaut sur la position.


Tout trinôme supplémentaire peut facilement s'intégrer dans cette configuration : flanc garde, réserve, manœuvre supplémentaire

Le Trinôme 300

Il manœuvre sous l'appui du trinôme 600 et a pour charge le combat a courte distance. Il emporte idéalement un ou deux AT légers de type AT-4, un ou deux lance-grenades individuels de type M203, le tout est réparti entre les membres du trinôme.

Le Trinome 600

Il est capable d'engager des cibles jusqu'à 600 mètres. Sa puissance de feu est suffisante pour fournir un appui et regagner la supériorité du feu en cas de perte de celle-ci. Il est construit autour d'un FM et de son pourvoyeur, emmené par un chef d'équipe armé d'un lance-grenade ou d'un AT de type Eryx ou similaire.

Le Trinôme de Commandement

Il emporte le leader avec un medic, un tireur de précision, un radio, un artificier, un AT, selon le choix du mission maker, du chef de mission ou en fonction des personnels disponibles. Selon le style du leader, le trinôme agira au plus près de l'action ou depuis l'arrière.


Les Formations : la colonne


La colonne est la formation de base de tout déplacement, c'est elle qui offre le meilleur contrôle et la plus grande rapidité de déplacement.

Premier Échelon

Il convient d'ouvrir la colonne avec un binôme spécialement créé autour de cette idée. Le binôme Assaut en est le parfait exemple : il est léger, mobile et efficace à très courte portée.

Second Échelon

Le leader a deux choix : ou il se place lui même en deuxième échelon pour commander depuis l'avant, ou il place le binôme Feu du groupe, celui qui possède la plus grosse puissance de feu (binôme FM, binôme mitrailleur, binôme AT…). Ainsi, le binôme Feu est capable de délivrer des feux puissants vers les flancs ou, en se décalant pour ouvrir son angle de tir vers l'avant, permettre des feux croisés. Une alternative consiste à scinder le binôme de commandement afin que le leader s'intercale entre le binôme Assaut et le binôme Feu (de sorte qu'il puisse diriger les deux à la voix) et que le second membre du binôme commandement se place en fin de colonne (de sorte qu'il puisse gérer la colonne depuis l'arrière).

Dernier échelon

Il convient en général de placer les éléments cruciaux du groupe du côté le plus éloigné de l'ennemi, donc à l'arrière de la colonne lorsque cette dernière lui fait face. Binôme médic, binôme Commandement lorsque le leader fait le choix de commander depuis l'arrière…

Le reste des binômes prennent alors place entre le binôme de second échelon et le binôme de dernier échelon, selon l'inspiration du leader et la mission particulière qu'il confie à ces binômes.


Les formations : La ligne

La ligne est la formation de base du combat : les binômes sont placés face à la menace, elle offre la plus grande puissance de feu.

Les Extrémités

Les extrémités sont les emplacements naturels pour le binôme Feu. Un binôme Feu à chaque extrémité permet d'accroître la létalité des tirs par des feux croisés dévastateurs. Cela permet également d'éviter que l'ennemi ne concentre ses feux lors de sa riposte. Il convient cependant de veiller, et c'est le rôle du leader, que l'assistant du binôme Feu se place aux extrémités de la ligne afin de surveiller les flancs et d'éviter un flanquage qui serait dévastateur pour le groupe.

Au centre

Au centre, placez le binôme Assaut avec sur ses flancs les autres binômes. Les binômes vulnérables (binôme médic…) sont placés en second échelon, derrière la ligne, afin de les préserver au cas où les capacités de riposte auraient mal été évaluées.

Conclusion

Nous avons vu que le cœur des moyens dont le leader dispose, ce sont ses hommes. Organiser ses hommes, c'est mettre le principe de conservation en œuvre (mettre en œuvre ses moyens pour assurer ses buts). Il ne nous reste maintenant plus qu'à aborder la dernière phase de notre processus de décision : la donnée d'ordres. C'est que nous ferons dans le prochain article de cette série.

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