Les 12 Phases d'une Opération

Après avoir vu la boucle de décision, il est temps de prendre un peu de recul et de la replacer dans un contexte opérationnel. Nous allons voir qu'une opération Arma peut se diviser en 12 phases distinctes et en quoi la boucle OODA peut nous éclairer sur ce sujet.

Il est possible d'identifier, dans une opération, plusieurs phases successives constituant une séquence. Cette séquence peut devenir un rythme si l’opération comporte plusieurs objectifs à réaliser successivement. Chaque phase possède une durée propre et distincte de la phase qui la précède ou qui la suit. L'aide mémoire qui suit présente ces différentes phases et permettra aux leaders de missions qui ont la mémoire courte (comme moi), de s'assurer qu'ils ont bien pris en compte et planifié chaque étape de l'opération qu'ils mènent.

Bien évidemment, ces phases sont celles que l'on retrouve habituellement dans une partie d'Arma. C'est à dire que ce nombre de 12 n'est pas figé. Il peut décroître, selon les opérations ou les gameplays, il peut également croître en cas de circonstances exceptionnelles. Le nombre total de phases dépend également de la longueur et de la complexité de l'opération. Une opération comportant plusieurs objectifs comportera de fait plus de phases qu'une opération n'en comportant qu'un seul. Cependant, nous verrons qu'un cycle peut être observé et que chaque objectif reprend en fin de compte la même séquence.


Ces phases, d'ailleurs, peuvent se raisonner en deux types : il y a les phases logistiques, qui consistent à s'assurer que le combat peut avoir lieu, et les phases de combat proprement dites. Chacun de ces deux types répond à des exigences particulières, qui lui sont propres et qui nécessitent de la part du leader des compétences variées.

Nous utiliserons parfois des exemples pour clarifier les notions abordées. Nous essaierons, autant que faire se peut, de proposer à travers ces exemples la construction d’une réflexion tactique de bout en bout.

La Logistique

Les phases logistiques n’ont d’autre but que de s’assurer que le combat peut avoir lieu. Cependant, deux seules phases sont réellement indispensables, celle du briefing et son pendant le débriefing. La première peut se faire sur la carte avant que la partie ne soit lancée ou directement sur le terrain, selon les préférences de chacun.

Briefing

Lecture des données du briefing et prise de connaissance du contexte  et de l’environnement de la mission. Mise en place d’un plan d’action (par le chef de mission) pour réaliser le ou les objectifs qui ont été assignés. Le plan est décidé en fonction des données fournies et des interprétations possibles. Il est donc basé sur des informations partielles qui pourront être complétées par les phases d’observations directement sur le terrain. Cette phase se déroule généralement au calme à la base sans précipitation. L’activité primordiale dans cette phase est la recherche de points saillants : ces éléments seront autant de point d’ancrage pour la réflexion tactique et la mise au point d’un plan d’action.

Notre mission d’exemple nous propose de reprendre un aérodrome confisqué par des rebelles qui ont l’appui de la population locale, en vue d’y faire atterrir troupes et matériels amis qui auront pour charge la reprise de la ville. L’appui de la population locale va fournir le point saillant de la réflexion menant au plan d’action : il est nécessaire d’isoler l’aérodrome de la ville voisine, mais au lieu de mobiliser un groupe de combat pour cela, c’est l’équipe MG qui interdira les voies d’accès entre les faubourgs et l’aérodrome.

La position de la MG identifiée (soit sur carte soit par reconnaissance sur le terrain), c’est le reste du dispositif qu’il est loisible de déployer, sans appui certes, ce qui soit nous forcera à privilégier les voies d’accès furtives, soit utiliser l’allonge permise par le terrain et les FM. Le plan a son point de départ qui précise certaines des modalités du plan d’action et le reste suit naturellement.

Équipement

Prise de connaissance et configuration de son équipement personnel, puis répartition de l’équipement supplémentaire (caisses de matériel, armes fixes, véhicules, …). Cette phase se déroule juste après le lancement de la mission. Il s’agit généralement des derniers préparatifs en territoire allié avant de partir sur le terrain. Cette phase impacte le briefing et l’organisation des groupes dans le sens où c’est l’équipement d’un personnel qui fixe le rôle du personnel (et vice-versa si l’équipement est libre).


Il est donc important d’employer les personnels sous ses ordres en fonction des caractéristiques de l’équipement : portée des armes, quantité des munitions, présence de JVN, de radio et de GPS, nombre et type des explosifs et des grenades, véhicules de combat disponibles… Chacun de ces éléments ouvre ou ferme des possibilités, offrant des éléments saillants permettant de raisonner la place de chacun dans le groupe, les modes d’action de chaque groupe et par extension de l’effet recherché par le chef de mission. Connaître les équipements, ses caractéristiques, mais surtout l’emploi (dans quelles conditions l’employer) de chacun est donc une mesure non négligeable lors de l’élaboration d’un plan d’action.

L’équipement de la troupe est fixé d’avance par le mission maker : un groupe MG et deux groupes de combat sont disponibles, chacun disposant d’un AT léger et d’un FM, en plus d’un lance-grenade. Les équipes ayant une dotation identique, elles seront donc interchangeables.

Transport

Déplacement des troupes pour atteindre la zone d’opération. Ce transport peut se faire en véhicule aérien, naval ou terrestre ou à pieds (une combinaison de ces moyens de transport est possible aussi). Tout dépendra de la configuration de la mission et de l’équipement qui vous est attribué. Cette phase impacte également le plan d’action du chef de mission et il sera important de passer en revue les possibilités offertes par les modes de déplacement : ainsi, telle approche sera rendue possible car les véhicules disponibles permettront de franchir rapidement la distance séparant l’axe envisagé du point d’insertion, telle approche sera favorisée car la discrétion recherchée interdit tel mode de transport…


Le plan d’action sera cependant nettement moins impacté par cette phase que par la phase précédente, car si le fait d’être véhiculé ouvre tel axe, l’axe qui sera retenu le sera par rapport aux possibilités de la troupe, possibilités fixées en grande partie par l’équipement dont la troupe dispose. Il faudra cependant veiller lors de cette phase,  encore une fois, à ce que les véhicules soient utilisés conformément à leurs caractéristiques, celles concernant l’armement en particulier, mais la vitesse et la discrétion de chacun devront également être pris en compte.

Dans notre mission, l’insertion se fait par hélicoptère. La troupe est débarquée à quelques kilomètres de l’aérodrome, le trajet se faisant de manière scriptée, tel que le désire le mission maker. Les derniers kilomètres se feront à pieds pour conserver une approche discrète.

Le Combat

Ces phases sont celles autour desquelles s’organisent nos soirées, mais plus que le combat lui-même, c’est le sens du risque qui nous anime. Ces phases traiteront donc de ce thème, la gestion du risque.

Manœuvre

Une fois arrivé sur la zone d’opération après le transport, il s’agira de déployer les troupes conformément au plan d’action prévu dans la phase de briefing afin de passer à la phase d’observation. C’est principalement une étape de transition. Elle suit de manière logique la phase de transport et permet d’amener les unités souhaitées à la position voulue pour la suite des opérations.

Il aura été nécessaire que le plan d’action fixe au préalable les modalités des déplacements : formation, mais surtout rapidité et discrétion désirée. Les règles d’engagement sont également à fixer avant que la situation n’exige de s’interroger sur le fait d’ouvrir le feu ou non, ainsi que sur l’attitude qui découle d’une ouverture du feu non désirée (combat de rencontre par exemple).

Le premier groupe de combat va accompagner la MG pour qu’elle puisse se mettre en place sans risques pendant que les deux autres groupes de combat vont prendre position pour mener une observation de l’aérodrome. Il est décisif que la MG se mette en place avant toute action. Il est donc décidé que le premier groupe de combat ouvrira la marche avec des pauses fréquentes afin de s’assurer de l’absence de troupes entre eux et la position désirée de la MG.

Interdiction leur est donnée d’ouvrir le feu sauf sur riposte. En cas d’ouverture du feu, le groupe de combat a pour ordre de traiter rapidement la menace avec son lance grenade puis de mener le groupe MG le plus rapidement possible vers sa position, faisant fi de toute discrétion, pendant que le second groupe de combat abandonne sa mission d’observation afin de porter assistance au premier groupe, sans autre considération pour la discrétion.

À la fin de cette phase, les troupes doivent occuper les positions avantageuses du terrain, positions nécessaires pour mener les étapes suivantes.


Observation

L’objectif ici est d’acquérir des informations sur ce que l’on va rencontrer sur le terrain qui viendront compléter ou corriger les données disponibles pendant le briefing. Les possibilités d’informations sont très larges, un détail peut changer un plan : types et nombre d’ennemis, chemins des patrouilles, positions fixes, véhicules, présence de civils ou de tout autre élément vivant qui pourrait être problématique. Votre environnement peut aussi changer : météo, reliefs, éléments naturels (forêts, rochers, rivières), bâtiments. Par exemple, un relief qui semblait intéressant sur la carte peut s’avérer très désavantageux ou dangereux et vice-versa. Il s’agira de synthétiser un maximum d’information pour construire le meilleur plan d’action possible ensuite.

Le second groupe de combat repère des bunkers improvisés aux extrémités de la piste, pourvus de mitrailleuses de gros calibre. Des patrouilles quadrillent le secteur, à l’exception d’un petit bois et d’un talweg. Le groupe MG signale également des véhicules dont un pick-up armé postés aux faubourgs.

Nous retrouvons dans cette phase les mêmes préoccupations que celles qui animent le chef d’unité dans la phase « Analyse » de la boucle de décision que nous avons vu dans le premier article du cahier du leader. Si la boucle de décision ne vous est pas claire, vous en trouverez le lien en bas de page.

Décision

Suite à l’apport d’informations de la phase d’observation, le chef d’opération doit ensuite faire le choix de son plan d’action. Est-ce que les nouvelles données viennent impacter le plan initial ou non ? Est-ce qu’il faut faire quelques ajustements, ne rien changer ou tout modifier ? Une fois ce choix fait, le chef pourra enchaîner avec la planification de son plan pour accomplir l’objectif. La planification pourra être optionnelle si le plan de base n’a pas changé. Le leader pourra éventuellement refaire un briefing avec les autres chefs sur le terrain si la situation le permet.

En fonction des éléments collectés lors de la phase précédente, le leader décide que le plan sera adapté tel que : les deux menaces principales que constituent les deux positions fixes seront traités à l’aide des lances-roquettes de chaque groupe. Le terrain dégagé autour de l’aérodrome sera battu par les feux des FM qui profiteront de leur allonge.

Il sera ensuite procédé à un assaut frontal par le glacis, vers les hangars qui devront être investi avant de prendre la tour de contrôle. Le petit bois servira de point de rassemblement en cas de perte des radios ou des chefs de groupe, et le talweg d’axe de repli si le groupe MG était débordé.

Là aussi, nous retrouvons une des phases de la boucle de décision du chef d’unité. Nous voyons donc en filigrane le principe de conservation à l’œuvre.

Préparation

Cette phase est la première phase d’une super-phase « Action ». Cette super phase se compose de trois phases qu’il est possible de distinguer : la phase de préparation de l’action, la phase d’action proprement dite, et la phase d’exploitation de l’action. Ces trois phases sont donc des phases filles de cette super-phase « Action ». Cela signifie que toute action n’est que la préparation de l’action suivante, action qui n’est donc que l’exploitation de l’action précédent, créant un continuum. Raisonner ce continuum, cette séquence, permet au leader d’articuler sa réflexion tactique sur des éléments mobiles susceptibles de lui offrir des embranchements afin d’adapter son dispositif et l’action en cours à la situation si celle-ci venait à changer brutalement.

Lors de cette super-phase, certaines actions nécessitent des ordres du leader. D’autres au contraire seront adoptés en fonction de la situation directement par les chefs de groupe. Il s’agit donc d’une phase au cours de laquelle le chef de mission doit parfois accepter de ne pas donner d’ordre et de laisser les situations se résoudre d’elle-mêmes. Pour cela, il est nécessaire d’avoir confiance dans la capacité de ses hommes à s’adapter, à composer avec la situation et à traiter les difficultés.


Mais revenons à la préparation. Cette phase consiste à mettre en place un cadre spécifique avant de passer à l’action : redéploiement et manoeuvres des troupes, utilisation des appuis pour préparer le terrain et façonner l'ennemi (appuis aériens, d’artillerie,  mitrailleuses, tireur d'élite…), destruction préventive de cibles spécifiques, infiltration… L’idée ici est de préparer une situation favorable pour les groupes de contact, par attrition, générale ou localisée (création de points faibles par lesquels l’infanterie pourra aborder), par déception de l’ennemi, en le forçant à mobiliser ses réserves avant qu’il n’en ait besoin ou à l’endroit où il n’en a pas besoin, etc. Les possibilités sont nombreuses et ne sont limitées que par la créativité du leader.

La phase de préparation, au niveau de notre plan d’action, va consister à détruire les bunkers, puis à créer une situation favorable à l’assaut par attrition (réduction du nombre des combattants par les feux des FM). À l’issu de cette phase, le chef de mission évaluera la situation (observation), et si elle correspond à ses attentes (décision), l’ordre d’assaut sera donné (action). La boucle sera bouclée, bien que le curseur de phase indiquera toujours que c’est la phase « Action » qui est en cours.

Au niveau de la boucle OODA, cette phase peut se lire également comme la phase où prennent place les mouvements nécessaires pour qu’une troupe soit en mesure de délivrer ses feux (se déplacer et occuper un bâtiment donnant visu sur une position fixe par exemple, manœuvre visant à flanquer un adversaire fixé par les feux d’un FM, etc.). Si la phase de préparation peut se lire comme une phase de mouvement, elle diffère cependant de la phase de manœuvre en ce sens que la phase de manœuvre vise à occuper les positions avantageuses, alors que la phase de mouvement n’est pas subordonnée à cet objectif. Même s’il convient de relativiser cette affirmation, certaines séquences de combat peuvent nécessiter un mouvement sur un terrain autrement considéré comme dangereux (un glacis en est le parfait exemple).

Action

Comme son nom l’indique, c’est l’étape où il est temps de passer à l’action ! Il s’agit de déclencher le plan comme il est prévu et de faire dérouler ses différentes phases. Ce point regroupe une infinité d’aspects tactiques et de sous phases qui seront spécifiques à chaque plan mis en place.

Dans notre plan d’action, la phase action correspond à l’assaut frontal des deux groupes sur l’aérodrome.

Exploitation

Au terme de la phase précédente, la situation doit déboucher sur un avantage. L’objectif est d’exploiter cet avantage afin d’appuyer cette supériorité et ainsi asseoir la maîtrise de la zone. Utiliser le terrain conquis afin d’y ancrer le dispositif, utiliser la bascule du rapport de force afin de poursuivre et accélérer l’attrition, utiliser les itinéraires sécurisés afin d’extraire personnels et données sensibles, utiliser le terrain afin de prévenir une contre-attaque…



La phase d’exploitation peut s’entendre comme la phase au cours de laquelle les résultats de l’action sont mis à profit. Les troupes ont nettoyé un secteur ? Il est alors possible d’utiliser ce secteur comme un axe de progression rapide, afin de marcher au contact, d’amener de nouvelles troupes vers le front, d’extraire personnels et équipements vers l’arrière, d’occuper de nouvelles positions avantageuses afin de prévenir une contre attaque… Les troupes ont conquis une position avantageuse ? Utilisez là afin d’acquérir de l’INTEL sur les forces restantes, d’observer le compartiment de terrain suivant, de traiter le bunker qui verrouille tel axe, d’y organiser un nid à blessés plus proche des combats, d’y redéployer le groupe MG afin de couvrir l’avance… Un flanc a cédé ? Pourquoi ne pas redéployer le groupe du flanc fort pour flanquer l’ennemi, le faire progresser de sorte à bloquer les renforts, le laisser souffler en paix et soigner ses blessés, y redéployer les troupes de sorte à en faire un centre de gravité…

Le premier groupe de combat a nettoyé les hangars pendant que le second groupe est sévèrement accroché, pendant sa progression vers la tour de contrôle, à l’arrière des mêmes bâtiments. L’ordre est alors donné au premier groupe de préparer une ligne de défense autour des hangars afin d’y faire décrocher sous un feu d’appui le second groupe qui pourra alors soigner ses blessés et s’y réorganiser rapidement.

La phase d’exploitation crée le lien entre la phase d’action terminée et la phase suivante. Par les possibilités qu’elle offre, elle donne l’opportunité de réorganiser en partie ou en totalité le dispositif.

Réorganisation

Il est temps de se réorganiser pour terminer la phase de combat. En effet, il n’est pas rare que l’action ne se soit pas exactement déroulée comme le souhaitait le chef d’opération. Il doit ici reprendre la main sur ses troupes qui sont en attente d’ordres afin de préparer le redéploiement pour la prochaine étape.

Si la phase d’exploitation offrait des opportunités, c’est lors de la phase de réorganisation que le chef de mission s’assure qu’elles sont exploitables. Le risque peut faire partie d’un plan, encore faut-il en avoir conscience et c’est l’analyse de la situation qui permet d’en mesurer l’ampleur… Ainsi que les bénéfices qu’il offre.


La phase de réorganisation est ainsi une phase préparatoire pour le prochain cycle de combat. Il faut en particulier veiller à la cohésion du dispositif, à l’état physique des hommes (médical et fatigue), à l’état de l’armement et des munitions, aux appuis disponibles… C’est au terme de cette analyse que le choix de l’embranchement se fait : poursuivre le combat ou s’extraire car la troupe en est incapable ou que les objectifs ont été remplis.

La tour est occupée, s’y rassemblent les restes des deux groupes de combat. Le chef de mission désigne un nouveau chef de groupe et ordonne au groupe MG de se replier sur la tour sous la couverture d’un binôme FM placé sur le toit de la tour. L’infirmier vérifie et gère l’état médical de chacun, les munitions restantes sont partagées entre chacun, des fournitures médicales sont récupérés sur le corps des ennemis tombés.

On remarque donc que cette phase mobilise au moins une boucle de décision (voir le cahier du leader) complet. Et c’est en réalité valable pour toutes les phases de l’opération ; il y a des décisions à prendre dans chacune d’elle et chacune utilisera donc la boucle OODA. Par commodité, ce fait n’est pas intégré au diagramme des phases qui ouvre cet article, même si une boucle OODA sommaire y est présenté, tout simplement pour garder ce diagramme lisible.

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Extraction

Une fois tous vos objectifs accomplis, il est temps de retourner en zone sûre (base alliée, point de sortie, extraction aérienne) afin de terminer la mission. Cette étape est le miroir de l’étape de transport, il conviendra donc de ne pas relâcher son attention et celle de ses hommes immédiatement mais d’attendre d’être en territoire ami pour cela.

Cette fois ci, c'est l’extraction qui viendra aux joueurs ; au lieu d’évacuer la zone, la mission prévoit que l’aérodrome libéré et tenu servira de point de poser à plusieurs troupes amies chargées de libérer la ville. Au lieu de se rendre à l’extraction, c’est l’extraction qui vient au reste des troupes.

Compte Rendu

Phase de débriefing afin de voir ce qui s’est bien passé ou pas durant la mission. Cette étape permet de faire un bilan de la mission, d’analyser les erreurs pour ne pas les reproduire. On peut aussi faire le comparatif entre le plan de départ du briefing et ce qui s’est réellement passé durant la mission.

L'US Army propose un processus qui se complète en 6 étapes pour réaliser un débriefing correct. Ces étapes sont :

  1. rappeler les règles du débriefing.
  2. Décrire ce qui était sensé se passer.
  3. Collecter les points de vue de chacun afin d’établir collégialement ce qui s’est réellement passé.
  4. Porter un regard critique sur ce qui s’est passé, c’est à dire évaluer collectivement ce qui s’est passé par rapport aux attentes. Ces attentes concernent autant les joueurs que la troupe, et des thèmes tels que fun, sérieux, immersion, mais également efficacité, implication dans l’action ou maîtrise technique, font partie des attentes les plus répandues. Il est important de relever les faiblesses tout autant que les points forts, les points qui n’ont pas fonctionné que les points qui ont fonctionné. Idéalement, il faut identifier autant de faiblesses que de point forts, ceci afin de rappeler que le but est de s’amuser, mais qu’il est également très fun de progresser et s’améliorer ensemble.
  5. Déterminer ensemble ce qu’il est possible de changer pour améliorer les faiblesses relevées lors de l’étape précédente et renforcer les points forts.
  6.  Résumer la session en terminant sur un point positif. Cette dernière étape est probablement la plus importante car, elle donne un sens à la session et rappelle que le point le plus important est de prendre du plaisir à jouer ensemble.



Il est parfois nécessaire de nommer un responsable, qui veillera à ce qu’une attitude correcte prédomine lors du débriefing. Il rappellera qu’il ne faut pas critiquer tout en restant honnête et qu’il est nécessaire d’accepter la divergence d’opinion, divergence inévitable de par la multiplicité des points de vue.

Le leader du second groupe de combat exprime pendant le débriefing son étonnement sur le choix de l’itinéraire donné pour rejoindre la tour de contrôle, itinéraire qui l’a exposé aux tirs ennemis et qui a presque décimé son groupe. Le chef de mission explique ce qu’il avait en tête et la raison de ce choix.

L’intention du chef de mission clairement exprimée, le responsable intervient et demande à chaque joueur de faire une proposition alternative à ce qu’il s’est passé pour obtenir l’effet souhaité. Untel remarquera qu’il était possible de passer par le talweg, un autre notera qu’une progression en appui et mouvement du second groupe aurait permis de faire baisser le niveau de menace, celui-ci dira que les deux groupes auraient pu progresser de concert en se couvrant mutuellement les flancs…

Conclusion

Que nous aura appris ce long voyage au cœur d’une mission Arma… Nous aurons vu plus en pratique la boucle de décision et comment elle est au centre de chaque moment vécu en jeu. Depuis la phase de briefing jusqu’au cœur de l’action, la décision façonne l’expérience que l’on aura du jeu. Elle est verticale et concerne tout le monde, du leader au simple soldat. Elle est horizontale et impacte tout le monde, du groupe de combat étrillé jusqu’au groupe de combat envoyé le soutenir. Elle est simultanée et successive, animant chaque phase et se déroulant partout.

Nous aurons également vu que si la décision est au cœur de l’action, raisonner l’action permet de l’anticiper. C’est d’ailleurs l’objet de la phase qui entame le processus de la mission, la phase du briefing. S’il n’est pas possible de tout prévoir et si « la première victime de la guerre, c’est le plan », il n’en reste pas moins vrai que se préparer permet, lorsque la situation change d’un coup, de ne pas rester bloqué au niveau de la prise de décision et de conserver, parfois, la maîtrise de ce qu’il se passe sur le terrain.

Je tiens à remercier Mystery pour l'inspiration, la rédaction des phases et l'aide qu'il a procuré tout au long de cet article.

Liens

Le cahier du chef d'unité (I) : décider
TC25-20 : A Leader's Guide to After Action Review

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