Le Cahier du Chef d'Unité (III) : Exécuter

Exécuter est la dernière phase de notre processus de décision. C'est par l'information que se concrétise la volonté du chef de groupe : informer ses hommes de l'action à exécuter, informer le dispositif de l'action en cours. Nous verrons donc les deux facettes de cette information : la donnée d'ordre et le compte-rendu.


Informer le dispositif

Une part importante des activités de commandement consiste en la gestion de l'information, la recevoir et l’émettre. Il est inutile de appesantir sur le protocole radio qui a ce stade devrait déjà être bien ancré, même chez le leader débutant. Il est par contre nécessaire de rappeler que « le terrain prime » et que les activités de gestion du groupe sont prioritaire sur toute communication radio non « urgente ».

Mais intéressons-nous à l'émission plutôt qu'à la réception. Une transmission à destination du dispositif est appelé « compte-rendu ». On distingue quatre types de compte-rendu. Le compte-rendu de situation (ou d'activité), le compte-rendu d'observation, le compte-rendu de contact et le compte-rendu de position.

Compte-Rendu de Position
Quand : le groupe occupe une position assignée par l'échelon supérieur.

Pourquoi : informer le dispositif de la position du groupe, informer le leader de mission que la phase en cours est terminée et que la prochaine phase peut commencer.

Compte-Rendu Préliminaire : « DISPOSITIF de GROUPE, nous approchons de POSITION depuis AZIMUTH ». Lorsque la position est tenue par des amis, permet de les informer de l'arrivée de troupes sur lesquelles ne pas tirer.

Compte-Rendu Complet : « DISPOSITIF de GROUPE, POSITION tenue et sécurisée ». Il est possible de faire suivre ce compte-rendu d'un compte-rendu de situation complet.

Compte-Rendu de Contact
Quand : le groupe a repéré des ennemis non connus du dispositif

Pourquoi : informe le dispositif de la position, de la composition et de l'activité en cours des ennemis. Permet à l'échelon supérieur d'adapter son plan et aux autres groupes de se préparer à ces activités.

Compte-Rendu préliminaire : « DISPOSITIF de GROUPE, contact sur position ». Signale une rencontre impromptue et le début d'un combat de rencontre (cet exemple a été utilisé dans le premier article). Alerte l'échelon supérieur et lui permet d'adapter son dispositif si nécessaire.

Compte-Rendu Complet : « DISPOSITIF de GROUPE, contact, POSITION DISTANCE NATURE VOLUME ATTITUDE ». On retrouve le DDRO NVAD de la troupe adapté à un usage au niveau du dispositif.

Compte-Rendu d'Observation
Quand : à l'issue d'une mission d'observation confiée par l'échelon supérieur ou assignée d'initiative.

Pourquoi : informer de manière concise sur les activités ennemies relevées sur un secteur d'observation

Compte-Rendu préliminaire : « LEADER de GROUPE, VOLUME contacts sur POSITION ». Compte-rendu volontairement vague mais rapide afin de rendre compte rapidement des observations relevées sur un secteur. Volume indique l'importance des contacts repérés : « éparses, quelques, nombreux, très nombreux… ». Doit être immédiatement compréhensible. 

Compte-Rendu Complet : commencer par le nombre de positions observées (PC, hôpitaux, batteries d'artilleries, bunkers, radars et communications, casernes, points de contrôles…) puis par une estimation (en nombre et danger qu'elles représentent) des forces qui en assurent la défense en commençant par les plus dangereux (blindés, troupes mécanisées, troupes motorisées, troupes d'infanterie, support). Terminer par l'observation du terrain (cheminements et axe d'approche, points d'intérêts tels que point hauts et points fortifiables). Il faut surtout rester synthétique et se tenir prêt à communiquer les détails que sur demande de l'échelon supérieur.

Compte-Rendu de Situation
Quand : d'initiative quand une mission ou une tâche confiée s'achève, lorsqu'un évènement se produit ou sur demande de l'échelon supérieur.

Pourquoi : Afin d'informer l'échelon supérieur d'un changement de situation ou d'une demande non planifiée.

Compte-Rendu Complet : « LEADER de GROUPE, JE SAIS, je suis en mesure… / en train de…, JE DEMANDE ». « JE SAIS » concerne tout intel collecté ayant une valeur pour le dispositif ou l'échelon supérieur. « Je suis en mesure de… » informe l'échelon supérieur sur l'activité que le groupe est capable de mener ou ne pas mener (ce qui est tout aussi important), comme par exemple mener (ou être dans l'incapacité de…) une observation du compartiment de terrain suivant. « JE DEMANDE » enfin concerne toutes les demandes d'appui ou de support (appui-feu, support médical, ravitaillement…).


La Donnée d'Ordre

Qu'est-ce que serait une décision si elle n'était pas appliquée ? La donnée d'ordre est ce qui permet de matérialiser une décision en une action exécutée par le groupe de combat.

Dans l'Armée Française, les ordres sont donnés selon ce qui s'appelle un « cadre d'ordre », qui est une matrice, une manière formalisée de donner un ordre en s'assurant que toutes les informations nécessaires à son exécution sont communiquées. Les cadres d'ordres sont spécifiques à une mission particulières, par exemple la mission « se déplacer » s'ordonne via le cadre DPIF, comme Destination, Point de repère, Itinéraire, Formation.

Autant de missions différentes, autant de cadres d'ordres. Nous sommes dans une partie d'Arma cependant, et ce cadre contraignant, même s'il peut être très ludique, reste… contraignant. Nous utiliserons donc le système popularisé par le Colonel Michel Goya, dans son blog « La Voie de l'Épée », la donnée d'ordres OPAC, comme Objectif, Position, ACtion. Une donnée d'ordre trois points donc, qui qui n'est pas sans rappeler celle de l'Armée Suisse.

Il n'en reste pas moins qu'il est nécessaire d'adapter la donnée d'ordres à l'ordre à donner. Nous utiliserons trois exemples afin de mettre en lumière la donnée d'ordre OPAC. D'autre exemples sont consultables sur le blog « La Voie de l'Épée » (lien en bas d'article). Nos exemples seront le déplacement, la couverture et l'ordre de tir :

« Rouge, le bois de feuillus, 160 à 200 mètres, en avant ». L'objectif est clairement indiqué, la position également en donnant la direction et la portée, l'action est claire et non confuse. À la charge du chef d'équipe le choix de la formation, de l'itinéraire et du mode de déplacement (tiroir, course…). Exemple particulièrement valide pour un trinôme, il peut se décliner ainsi pour deux binômes :
« Rouge et Jaune, le bois de feuillu, 160 à 200 mètres, Jaune ouvre la marche ». Rouge et Jaune répondent par leur indicatif afin d'indiquer qu'ils ont compris la manœuvre et/ou l'ordre donné.

« Bleu, face au village, 110 à 300 mètres, en appui de rouge ». L'équipe bleue sait que son objectif est le village sur le flanc gauche de l'équipe rouge (position) et qu'elle doit tirer si un ennemi menaçait la progression de rouge (action). Bleu peut alors répercuter et placer ses hommes avec un ordre OPAC.

« Bleu, le bunker, 120 à 250 mètres, feu immédiat ».Nul besoin de s'appesantir, sur l'explication de ce dernier exemple.

On voit que cette donnée d'ordre est rapide, précise, qu'elle ne bride pas l'initiative du chef d'équipe tout en la subordonnant à la vision d'ensemble du chef de groupe.



Conclusion

Nous avons vu que le processus de décision était un processus en 4 phases s'étalant dans le temps. Seule la première phase (la constitution d'une bibliothèque de cas similaire) n'a pas fait l'objet d'une étude dans cette série d'article. Les autres phases ont par contre été abordée afin de fournir un point de vue aussi complet que possible au leader débutant ou désireux de parfaire sa compréhension de ce moment particulier, ce qui était le but poursuivi dans cette série.

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